Lara Emond, QuebecInnove, mai 2020
C’est après une mise en relation avec des chercheurs de l’École de technologie supérieure et du Centre hospitalier de l’Université de Montréal que Michelle Laflamme a fondé son entreprise, Emovi. Rapidement, elle a été séduite par les possibilités qu’offrait leur invention, un outil permettant de mieux comprendre ce qui se passe dans le genou en mouvement.
Avec trois plans de mouvements libres, le genou est l’articulation la plus complexe du corps. Toutefois, la majorité des chirurgiens opèrent cette zone qu’à l’aide d’images issues de radiographies et de résonances magnétiques, ce qui ne leur permet pas de voir les déficits fonctionnels à corriger lorsque l’articulation du patient est en mouvement. Il en va de même pour les médecins et physiothérapeutes désirant aider les patients aux prises avec des douleurs au genou : d’où vient la douleur et peut-on traiter la cause et non seulement les symptômes?
Animée par un désir de remédier à cette situation et grâce à l’appui d’une société de valorisation, organisme qui aide à faire le pont entre le secteur académique et le milieu des affaires, Madame Laflamme a décidé de pousser le développement de l’outil dans le but de le commercialiser et de répondre à ces problématiques bien réelles. Afin d’offrir une solution permettant d’avoir une meilleure compréhension de la douleur des patients, Emovi a lancé le système KneeKG, soit le premier appareil permettant aux médecins d’évaluer avec précision les genoux de leurs patients en 3D lorsque ces derniers sont en mouvement ainsi qu’en appui.
Aujourd’hui, le système KneeKG est intégré dans le parcours de soin des patients, permettant de réduire la douleur, de personnaliser un plan de soins pour attaquer la cause du problème, de mieux comprendre la progression de pathologies, mais également d’obtenir de meilleurs impacts post-chirurgie.
« C’est ce que l’on appelle une innovation de rupture. Nous utilisons l’intelligence artificielle depuis 2008, ce qui fait qu’on a maintenant beaucoup de données sur ce qui se passe dans le genou en mouvement ainsi que leurs corrélations très précises aux symptômes du patient et aux meilleurs traitements possibles. On peut donc savoir quel traitement va fonctionner selon le patient. » mentionne Madame Laflamme.
La recherche québécoise ouvre des portes… à l’international
Au-delà du fait que lorsque l’équipe d’Emovi présente son produit à l’international les docteurs s’exclament de voir qu’une solution peut leur permettre de mieux évaluer leurs patients qu’avec leurs yeux ou leurs mains, le fait de présenter une innovation du Québec a un impact positif. Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, la province a acquis une notoriété dans le domaine de l’innovation qui a ouvert plusieurs portes à l’entreprise.
Pour Emovi, la collaboration est clé. Puisque l’entreprise cherche à changer un paradigme médical, une pratique, une trajectoire de soins, celle-ci a dû rallier des acteurs de différents milieux afin d’y parvenir : intelligence artificielle, ingénierie biomédicale, sécurité informatique, etc. Que ce soit pour réaliser des tests, avoir accès à des plateaux techniques ou obtenir des données probantes, l’appui du milieu académique, hospitalier et de la recherche a été clé dans le succès d’Emovi. Celle-ci a entre autres travaillé de pair avec la Chaire de recherche du Canada en analyse de données biomédicales de la TELUQ et la Chaire de recherche en imagerie 3D et ingénierie biomédicale (ETS et CHUM), ce qui a mené à des publications.
Une innovation d’impact
Pour Michelle, innover dans son milieu, c’est parvenir à avoir un impact à la fois clinique, économique et social. Cela fait partie de ses valeurs et il était important pour elle en tant qu’entrepreneure de pouvoir aider les gens. « Savoir qu’on peut changer le paradigme actuel des douleurs au genou dans le monde médical et que grâce à KneeKG on permet aux gens un retour à leurs activités quotidiennes et/ou sportives, ça n’a pas de prix ! » conclut l’entrepreneure.
Emovi n’en est qu’à ses débuts. L’entreprise continue de collaborer avec le milieu académique qui voit les besoins et les manques jusqu’à cinq à dix ans avant le milieu des affaires afin de développer de nouveaux produits, et ce, toujours dans le but d’aider des milliers de patients à travers le monde.
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